Ravageurs des plantes et changement climatique
Le changement climatique est devenu l’un des plus grands défis auxquels est confrontée la santé des plantes et la cause la plus fréquente de perturbation de la production alimentaire dans le monde. Il s’agit d’un phénomène qui affecte le monde entier et divers aspects de la vie. Le monde naturel et ses espèces sont donc parmi les plus touchés.
Selon de nouvelles études menées par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le changement climatique favorise la propagation des ravageurs et menace les plantes ainsi que les cultures agricoles. Ces ravageurs sont de plus en plus nocifs pour les cultures et constituent une menace croissante pour la sécurité alimentaire mondiale.
Toutes les conclusions sur lesquelles s’accordent la plupart des experts et spécialistes préviennent que l’impact du changement climatique sur les ravageurs des plantes va devenir plus préjudiciable et plus répandu dans le monde. Pour couronner le tout, les petits agriculteurs sont, à juste titre, considérés comme la communauté la plus touchée et la plus lésée à ce niveau.
Comment le changement climatique affecte les ravageurs des plantes?
Le changement climatique provoque des phénomènes météorologiques extrêmes. Cela rend la plante plus vulnérable et renforce donc les ravageurs. Le changement continu du climat de la terre agira également comme un catalyseur de la colonisation de nouveaux ravageurs envahissants, ce qui entraînera à terme la perte de biodiversité. Des températures anormalement élevées en hiver et au début du printemps entraîneront une augmentation du nombre de ravageurs et l’apparition précoce de lésions.
Les risques croissants de parasites constitueront une menace pour les travailleurs du secteur agricole et la réticence des investisseurs de ce secteur, ce qui aura un impact négatif sur la sécurité alimentaire mondiale.
L’impact du changement climatique sur les insectes
Les insectes sont classés comme des organismes à sang froid dont la température est presque identique à celle du milieu environnant. La température est considérée comme l’un des facteurs qui affectent le plus leur cycle de vie, leur comportement et leur survie.
Des études expérimentales montrent qu’un niveau élevé de CO2 exacerbe souvent les effets de la température sur les maladies des plantes.
Le climat chaud augmentera les taux de croissance de la communauté d’insectes et augmentera le nombre de générations des espèces qui se reproduisent sur plusieurs générations. La durée de la saison de croissance et de reproduction s’allongera et la capacité des insectes à survivre à l’hiver augmentera. Le climat chaud aidera les insectes nuisibles à surmonter les phases dangereuses de leur cycle de vie, ce qui pourrait réduire les risques de parasitisme et de prédation naturelle.
Concernant les ravageurs migrateurs : leur répartition géographique, leur chemin de migration et les risques d’entrée dans de nouvelles zones vont changer.
L’impact du changement climatique sur les pathogènes des plantes
Les températures élevées affaiblissent l’immunité de la plante, la rendant facilement sensible aux infections, et conduisent en même temps à l’émergence de générations d’agents pathogènes plus résistants aux températures élevées et plus virulents. Les agents pathogènes des plantes sont devenus plus capables d’infecter les cultures en raison de leur capacité à modifier leurs gènes pour s’adapter à l’environnement, et ils ont pu envahir de nouveaux environnements en raison du réchauffement climatique, ce qui laisse présager un désastre sanitaire mondial.
Avec le changement climatique, les agents pathogènes des plantes deviennent plus dangereux car ils se propagent facilement, peuvent parcourir de longues distances et certaines espèces ont la capacité de rester dormantes dans le sol pendant des décennies, puis de réactiver leur cycle de vie.
Des températures plus élevées peuvent rendre la plante malade plus tôt que d’habitude, raccourcir la période d’incubation afin qu’elle produise plus d’individus au cours de la même saison, ou augmenter le risque que la plante soit exposée à des maladies en raison de fluctuations météorologiques extrêmes, telles que les ouragans et les vents forts.
Impact du changement climatique sur les mauvaises herbes
Les mauvaises herbes ont un cycle de vie court et produisent de grandes quantités de graines pendant leur saison de croissance. Ils entrent en compétition avec les principales cultures pour avoir l’eau, la nourriture et la lumière, entraînant une baisse des rendements, une diminution de la qualité, un stress accru des cultures, une résilience réduite au changement climatique et peuvent devenir un refuge pour de nombreux ravageurs nuisibles.
Le changement climatique affecte les mauvaises herbes autant que les cultures cultivées, mais les mauvaises herbes excellent par leur grande variation génétique, ce qui augmente leur capacité à résister au changement climatique.
L'impact du changement climatique sur les pesticides
Pour lutter contre les ravageurs, les agriculteurs utilisent souvent des pesticides chimiques, responsables d’environ 1 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre qui aggravent le changement climatique.
Dans un climat chaud, certains pesticides deviennent moins efficaces, comme les pyréthroïdes et les pesticides systémiques, en raison de la faible capacité de la plante stressée à absorber ces composés. Une chaleur élevée brise également la structure du pesticide et le décompose, ce qui réduit son efficacité sur l’organisme nuisible ciblé et augmente le degré de toxicité du pesticide pour la plante.
Les antifongiques ont été affaiblis par le changement climatique et il n’est plus approprié d’utiliser des composés ciblant un seul composant du champignon, tout simplement parce que la résistance au composé va rapidement se développer et le rendre inefficace.
Comment atténuer les effets du changement climatique sur les plantes et les cultures?
Les effets du changement climatique et son impact croissant sur la santé des plantes ont obligé de nombreux pays et organisations à élaborer des plans et des programmes intensifs pour gérer ce problème, et un certain nombre de recommandations ont été suggérées pour atténuer les effets du changement climatique sur la santé des plantes.
Au premier rang de ces recommandations s’élance la consolidation de la coopération internationale, d’autant plus que la gestion efficace des ravageurs des plantes par un agriculteur ou un seul pays est généralement inefficace et coûteuse. Toutefois, l’amélioration des mesures visant à limiter la propagation des ravageurs à l’échelle internationale et l’apport d’amendements aux réglementations phytosanitaires s’avèrent plus efficaces.
Il est nécessaire de mener davantage de recherches sur les effets du changement climatique sur les ravageurs et, par conséquent, sur la santé des plantes.
Il faut s’appuyer sur des variétés végétales résistantes et tolérantes au stress thermique, adopter des méthodes intégrées de lutte antiparasitaire et une méthode d’agriculture intelligente qui facilite l’utilisation efficace des ressources telles que la terre, les engrais, l’eau, les semences, etc. afin d’améliorer la qualité et la quantité des produits agricoles.
Puisqu’il vaut mieux prévenir que guérir, développer des méthodes de détection précoce du ravageur permettra de contenir l’infestation, de réduire les ressources nécessaires pour en venir à bout et d’utiliser les technologies modernes (dispositifs de prévision – satellites – intelligence artificielle – capteurs) pour surveiller les ravageurs des plantes, analyser et étudier les données et intensifier les processus de communication avec les parties concernées.
L’utilisation de produits chimiques pour lutter contre les champignons devrait être reconsidérée et des ennemis naturels des champignons peuvent être utilisés, comme le champignon Trichoderma, qui gêne les champignons des plantes en leur faisant concurrence pour la nourriture et l’espace ou en les parasitant. La génétique peut également être utilisée pour contrôler la propagation des agents pathogènes des plantes en développant des plantes résistantes aux maladies en introduisant des gènes qui leur confèrent une résistance à l’agent pathogène et en cultivant des variétés portant ensemble différents gènes de résistance, car la diversité génétique de la plante rend difficile l’invasion des champignons. Toutefois, cette dernière demeure inacceptable pour certains.