Le Macadamia, une opportunité d’avenir pour l’agriculture libanaise ?

Eng. Clara Karam Senior Technical Engineer

Les noix de macadamia figurent parmi les fruits à coque les plus précieux et les plus luxueux au monde. Originaires d’Australie, les macadamias sont devenus un véritable succès agricole mondial, prospérant dans des climats variés et contribuant de manière significative à l’économie de plusieurs pays. Cet article offre un aperçu de la culture du macadamia, de son histoire à ses besoins en sols, en passant par la phénologie et la gestion des vergers. Il s’adresse aux producteurs, chercheurs et professionnels de l’agriculture souhaitant optimiser la production de macadamias, en particulier dans les climats méditerranéens — et oui, même au Liban.

A Brief History of the Macadamia Tree

L’arbre de macadamia est originaire des forêts tropicales humides du nord-est de l’Australie, notamment dans le Queensland et la Nouvelle-Galles du Sud. Il a été scientifiquement décrit pour la première fois dans les années 1850 par Ferdinand von Mueller, qui le nomma en l’honneur de son ami le Dr John Macadam, chimiste et homme politique.

Bien que les populations autochtones australiennes l’appréciaient depuis longtemps, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que les graines de macadamia furent introduites à Hawaï, où débuta la culture commerciale. Hawaï a longtemps dominé la production mondiale, jusqu’à ce que des pays comme l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Australie et le Brésil prennent le relais.

Sur les sept espèces natives d’Australie, seules deux — Macadamia integrifolia (écorce lisse) et M. tetraphylla (écorce rugueuse, moins prisée en torréfaction) — sont cultivées pour leurs noix. Les arbres sont des persistants à croissance lente pouvant atteindre 12 à 15 mètres en 10 à 15 ans. La plupart des cultivars étant partiellement ou totalement auto-incompatibles, les abeilles jouent un rôle clé dans la pollinisation. Les cultivars populaires incluent ‘Beaumont’, ‘A4’ et ‘816’.

Besoins en Sol pour les Arbres de Macadamia

Les macadamias nécessitent des sols bien drainés pour éviter les maladies racinaires et l’érosion, qui nuisent aux racines nourricières et à la productivité. Le pH optimal se situe entre 5,0 et 6,5, légèrement acide, afin de favoriser un bon développement des racines et du feuillage.

Phénologie et Gestion du Verger
La gestion des macadamias repose sur la phénologie — plutôt que sur un calendrier strict — pour guider les interventions. Typiquement :

  • Novembre : début de l’initiation florale après environ 120 heures à moins de 18 °C.
  • Fév–Mar : floraison maximale (de la fin de l’hiver au début du printemps).
  • Mar–Avr : nouaison.
  • Mai–Juil : développement des noix, accumulation d’huile. La qualité dépend fortement de cette accumulation d’huile.
  • Sep–Nov : chute des noix matures.

Les cultivars à floraison prolongée favorisent une meilleure pollinisation croisée, essentielle pour le rendement. Pour éviter les frondaisons improductives et l’érosion, la taille et l’espacement adaptés à la forme et à la vigueur de l’arbre sont fondamentaux.

Irrigation et Espacement

Pendant l’établissement, les arbres peuvent nécessiter 40 litres par arbre par semaine, jusqu’à 150 litres vers la quatrième année en période sèche. Une fois matures, des outils de suivi de l’humidité du sol comme les tensiomètres permettent d’optimiser l’irrigation.

L’espacement dépend de l’architecture du cultivar :

  • Large (9×5 m ou <222 arbres/ha) pour les types étalés.
  • Moyen (8×4 m ou ~250–312 arbres/ha) pour les canopées dressées et ouvertes.
  • Serré (7×4 m ou >357 arbres/ha) pour les types compacts et dressés.

Floraison et Pollinisation Croisée

Planter au moins trois cultivars à floraison simultanée augmente la réussite de la pollinisation croisée et la rétention des noix. Les cultivars à fenêtre de floraison courte sont plus sensibles aux pertes si des pluies ou des ravageurs surviennent à ce moment-là.

Tableau 1 : Espacement recommandé selon les cultivars.

Forme de l’Arbre

Les macadamias développent naturellement des formes variées — certains s’étalent, d’autres poussent de manière verticale, et beaucoup forment des canopées rondes à feuillage dense. Garder cette canopée ouverte par une taille régulière est essentiel. Cela permet à la lumière du soleil de pénétrer, aide le couvert végétal à se maintenir (ce qui prévient l’érosion) et garantit un développement des fruits sur l’ensemble de l’arbre, pas seulement à sa périphérie. Cela facilite également la pulvérisation contre les parasites lorsque nécessaire.

Floraison et Pollinisation Croisée

Les macadamias nécessitent une pollinisation croisée entre cultivars compatibles pour une production optimale. Les arbres produisent davantage de noix matures lorsque le pollen provient d’un cultivar différent plutôt qu’en autopollinisation. Il est donc recommandé de planter au moins trois cultivars avec des périodes de floraison qui se chevauchent.

Les cultivars à floraison prolongée offrent plus d’opportunités de pollinisation réussie et réduisent les risques liés aux intempéries durant la floraison. En revanche, les cultivars à floraison tardive peuvent subir une plus forte pression des ravageurs, les populations d’insectes étant plus élevées en fin de saison. En plantant un mélange diversifié de cultivars aux floraisons échelonnées, les producteurs renforcent la résilience du verger et maximisent les rendements.

Figure 1. La pollinisation croisée nécessite un chevauchement des périodes de floraison entre cultivars. (cultivars : A16, A4, 246, 344, 660, 741, Daddow, 814, 849)
Figure 2. Fleurs endommagées par la pluie.

Alors, le Macadamia Peut-il Devenir la Prochaine Grande Culture du Liban?

Oui, le macadamia peut pousser au Liban — et pourrait bien représenter votre prochaine grande opportunité.

Bien que les macadamias prospèrent en climat subtropical, les régions côtières du Liban offrent des microclimats étonnamment adaptés. Avec des températures moyennes de 12–13 °C en hiver et jusqu’à 28 °C en été, ces zones correspondent bien aux besoins du macadamia. Même lors des étés plus chauds, la floraison et la nouaison se terminent généralement tôt, ce qui limite les risques liés aux températures élevées.

Cependant, les producteurs doivent veiller à :

  • Fournir une légère ombre, surtout en début de croissance, pour imiter les conditions de sous-bois tropical.
  • Garantir un sol bien drainé, pour une croissance saine sans excès d’eau.
  • Garantir un sol bien drainé, pour une croissance saine sans excès d’eau.
  • Choisir des sites côtiers ou légèrement en altitude, qui atténuent naturellement les variations de température et évitent les gels.

Il est à noter que le macadamia en est encore à ses débuts au Liban, avec seulement quelques vergers déjà implantés. Les conseils partagés ici sont basés sur les meilleures pratiques mondiales et les premières observations locales. L’expérience de terrain continuera à affiner ce qui fonctionne le mieux dans les conditions libanaises. Et c’est précisément là que nous intervenons — pour vous guider, vous accompagner et explorer ces opportunités à vos côtés.

Il est à noter que le macadamia en est encore à ses débuts au Liban, avec seulement quelques vergers déjà implantés. Les conseils partagés ici sont basés sur les meilleures pratiques mondiales et les premières observations locales. L’expérience de terrain continuera à affiner ce qui fonctionne le mieux dans les conditions libanaises. Et c’est précisément là que nous intervenons — pour vous guider, vous accompagner et explorer ces opportunités à vos côtés.