
Les abeilles disposent de diverses stratégies défensives face aux menaces, démontrant des comportements extraordinaires qui font l’objet de multiples études. Les abeilles utilisent la propolis, les piqûres, les attaques de phéromones et les formations de boules comme tactiques contre les prédateurs.
La bataille sans fin entre les abeilles et les frelons montre une coévolution continue entre les deux espèces. Les frelons, insectes sociaux, se nourrissent d’abeilles domestiques et capturent les nouveau-nés pour nourrir leurs larves avec un régime riche en protéines. Cependant, les abeilles cypriotes ont mis au point une méthode ingénieuse pour contrer cette menace.
Lorsque les abeilles cypriotes forment une boule thermique, la température centrale atteint en moyenne 44°C, ce qui est inférieur au seuil mortel pour les frelons. Un frelon piégé dans ces boules thermiques pendant une courte période (5 à 8 minutes) devient d’abord immobile pendant quelques minutes avant de retrouver sa mobilité. Les boules thermiques seules ne suffisent pas pour éliminer le frelon oriental, qui possède une grande tolérance aux températures élevées.
Alors, comment les abeilles cypriotes parviennent-elles à surmonter ce défi ?
Ils se sont adaptés en développant un mécanisme connu sous le nom d’asphyxie-balling spécifiquement destiné au frelon oriental, distinct du thermo-balling observé chez les abeilles japonaises où la température centrale à elle seule suffit à tuer le frelon meurtrier.
Dans la stratégie d’asphyxie, les abeilles cypriotes forment une boule autour du frelon, en se concentrant sur un segment particulier de son abdomen crucial pour la fonction respiratoire. En maintenant une pression sur ce segment, les abeilles induisent une hypoxie puis une hypercapnie chez le frelon. L’hypoxie se produit lorsque les tissus manquent de suffisamment d’oxygène pour maintenir l’homéostasie, tandis que l’hypercapnie résulte d’une augmentation des niveaux de dioxyde de carbone due à la perte d’eau. Cette combinaison de facteurs, combinée à la température ambiante élevée à l’intérieur de la balle, s’avère fatale au frelon.
Bien que la température à elle seule ne soit pas suffisante pour éliminer le frelon oriental, elle contribue de manière significative à sa disparition lorsqu’elle est associée à un dysfonctionnement du système respiratoire. Cependant, trouver le talon d’Achille du frelon ne suffit pas. Cette méthode de défense a un coût, elle est énergivore pour les abeilles. De plus, compter uniquement sur l’asphyxie-balling n’est pas durable pour lutter contre des colonies entières de frelons et pourrait à terme affaiblir les populations d’abeilles.

L’intervention humaine reste donc vitale pour protéger ces pollinisateurs essentiels de leur plus grand prédateur, le frelon.
Pour lutter contre les frelons, plusieurs stratégies peuvent être employées. Premièrement, l’installation de barrières physiques ou d’écrans dans les zones vulnérables peut empêcher efficacement l’accès des frelons. Demander l’aide d’un professionnel est une autre étape cruciale, car des experts qualifiés peuvent éliminer en toute sécurité les colonies de frelons. De plus, l’utilisation de pièges appâtés avec des attractifs peut contribuer à réduire la population de frelons. Enfin, une lutte chimique peut être mise en œuvre pour mieux gérer le nombre de frelons et atténuer leur impact.
par Rana Slim, étudiante en génie agricole à l’Université Saint Joseph